13150 TARASCON - FRANCE

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  • Catalogue de l'exposition à Bages


    Maison des Arts
    Du 26 octobre au 27 novembre 2014

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    LIVRE D'ARTISTE : FRANÇOISE VADON


    Septembre 2010, sortie d'un livre aux éditions La Fabrique Sensible qui réuni 46 peintures sur papier au format 23.5 x 23.5 cm.
    Livre au format 15 x 16 cm, 64 pages, 500 exemplaires, quadri recto-verso, couverture à rabats.

    ISBN 2-9518209-9-2
    Prix : 15 euros

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    LES ÉNUMÉRATIONS HEUREUSES
    ou petit essai de description phénoménologique d’un instant de peinture.
    Pierre Jaccaud / août 2014

    La vision du peintre n’est plus regard sur un dehors, relation « physique-optique » seulement avec le monde. Le monde n’est plus devant lui par représentation : c’est plutôt le peintre qui naît dans les choses comme par concentration et venue à soi du visible, et le tableau finalement ne se rapporte à quoi que ce soit parmi les choses empiriques qu’à condition d’être d’abord « autofiguratif » ; il n’est spectacle de quelque chose qu’en étant « spectacle de rien », en crevant la « peau des choses »pour montrer comment les choses se font choses et le monde monde.

    Maurice Merleau-Ponty, L’œil et l’esprit, Folio/essais, p.69.

    Une certaine idée du bonheur traverse l’œuvre de Françoise Vadon. Bonheur d’être au monde, bonheur de reproduire son quotidien dans des variations délicates et éminemment colorées. Elle cite graphiquement ce qui l’entoure avec une précision d’entomologiste doublée d’un savoir faire de dentellière. Scrupuleusement, elle développe un trait qui construit des mondes où règne l’enchantement de la proximité des corps, des objets, des animaux, des tissus… Animée par une curiosité raffinée, elle s’accapare de son environnement pour le transcender en une délicate écriture picturale qui tient d’un relevé de métamorphoses.

    La texture de la peau, une main alanguie, un visage en attente, des fleurs dans un vase, un tissu de soie jeté en chute, une image dans un tapis, un chat endormi sont quelques uns des motifs en avalanche que l’on retrouve sur des supports de différentes tailles, en toile ou en papier.

    Françoise Vadon aime les outils du peintre et elle s’applique à la tâche. Sur sa table règne le petit désordre poétique où se juxtaposent les crayons aux mines affûtées, les pinceaux aux poils souples, la boite d’aquarelle, le verre d’eau, les tubes d’acrylique à portée de main…

    Là, dans le silence qu’elle impose au modèle et à elle-même, elle promène son regard et s'apprête à fixer l'instant de la rencontre. Elle occupe la place du peintre avec humilité, candeur et précision. Le bruit léger et sensuel du frottement de la main sur le papier, la course joyeuse de la mine de plomb témoignent de la sûreté du geste. Silencieuse, son œil scrute, sa main transcrit avec habileté un rendu d'une réalité semblable à un songe et qui s'écrit avec un sens partagé des pleins et des vides.

    Françoise Vadon est native du pays d’Arles. Elle est fille d’un patrimoine solaire, entre terre et mer, captive tout comme Van Gogh de cette lumière si aiguë et si nécessaire à l’expression des couleurs que l’on retrouve notamment imprimées sur les tissus provençaux, les Indiennes, depuis le XVIIème siècle.

    Françoise Vadon et Van Gogh ont en commun ce goût pour les estampes japonaises dont la particularité est la mise à plat des sujets et un ordonnancement savant du visible. Ici s’arrête la comparaison et nous ne serons pas surpris d’apprendre que Francoise Vadon a fait de nombreux séjours au pays du soleil levant. Cette influence culturelle innée parcourt son œuvre et lui donne une particularité qui fait référence à ce souci de l’éloge de l’ombre tel que décrit par l’écrivain Tanizaki dans un essai qui porte ce titre.

    Françoise Vadon est peintre par nécessité. Nécessité de peindre sa vie avec l’obsession de la répétition et de la continuité avec l’étrange paradoxe de constater que ses œuvres ne sont pas le reflet de sa réalité, mais le fruit d’une observation assidue. Ses compositions crayonnées, aquarellées, picturales répondent à un ordonnancement intérieur détaché des contraintes du réel. Ce qu’elle donne à voir est en lévitation. Les fleurs imprimées du rideau, les fleurs dans le vase en céramique, le modèle deviennent des reflets délicats placés sur le même plan, celui de la peinture. Libre dans ses cadrages, elle capte et dispose les fruits de ses observations dans un jeu amusé et savant qui joue avec notre perception en utilisant une technique qui mêle harmonieusement les coordonnées de formes et de rendus. Cette œuvre discrète s’impose de par sa délicatesse et son parfum d’instants volés au rythme des jours et des nuits.

    Peintre de son état, Françoise Vadon réalise un travail traversé par un souffle animiste qui nous invite à re-visiter notre quotidien avec humilité et émerveillement en nous référant à ces images pour le moins iconiques.